Murs de Bretagne. Les villes fortifiées

 

 


Les plus anciennes fortifications urbaines datent de la période romaine et spécialement de la seconde moitié du IIIème siècle, période durant laquelle les populations germaniques vont profiter de l'instabilité de l'Empire romain pour attaquer les provinces côtières.

Dans l'ouest de la Gaule, seront érigées des fortifications à Alet (St Malo), Brest, Vannes, Nantes, Rennes, Carhaix...

Au XIIIème siècle, les villes sont encore petites. Nantes a un centre enclos de 24 hectares, mais il y en a seulement 9 pour Rennes et 5 pour Vannes.

Après la guerre de Succession de Bretagne, même s'il y a croissance urbaine, les villes restent peu importantes. 14000 habitants pour Nantes, 13000 pour Rennes, 5000 pour Vannes et à peine 4000 pour Fougères, Guérande et Morlaix.

Les villes se développent grâce au commerce:

Guérande: le sel

Vitré, Morlaix: les toiles

Ancenis, Vannes: le vin.

Seules Nantes, Rennes et Vannes ont aussi un rôle administratif au niveau du duché.

Dans le centre de la Bretagne, de petites cités vivent grâce au commerce de la toile, des céréales et des bestiaux. (Malestroit, Moncontour, Lamballe, Quintin...)

 

Comment se présente la ville au Moyen-Âge?

 

Dans un rayon de 2 à 3 kilomètres, on trouve les champs des citadins, les activités polluantes (tanneries, papeteries...) ou encombrantes (les carrières...)

En dehors des murailles se trouvent les faubourgs. Outre les habitations, sont présents des hospices, des églises (hors les murs), voire même des couvents.

Les fortifications sont la défense urbaine essentielle: une muraille renforcée de tours, de portes fortifiées, de douves voire de fortins en avancée.

Les portes sont fermées la nuit et surveillées le jour, pour filtrer les entrées, certes, mais aussi pour percevoir les différent tonlieux. (Redevances prélevées sur les marchandises entrant en ville).

Ces murailles coûtent très cher car il faut les entretenir en bon état et les adapter aux progrès militaires (l'artillerie en particulier).

Et pourtant, dans la plupart des cas, ces enceintes ne seront d'aucune utilité pendant les guerres (d'indépendance ou de la Ligue).

Nombreuses sont d'ailleurs celles qui seront abandonnées à la suite de ces conflits.

Cependant, certaines d'entre elles conserveront leurs remparts pour des raisons défensives (St Malo, Concarneau...) ou parce que tours et bastions avaient encore une utilité. Dans certains cas même, les murailles, ou une partie, sont restées debout, les édiles n'ayant pas vu l'utilité de les abattre ou n'ayant pas l'argent pour le faire.

Une chance pour nous, finalement...

 

Un exemple: Vannes.

 

A la fin du IIIème siècle, Darioritum (Vannes) construit une enceinte urbaine de 5 hectares sur la colline du Méné (méné voulant dire montagne en langue bretonne).

De ce castrum antique, il ne reste pratiquement plus rien sinon une partie près de la tour de la Joliette caractéristique de cette époque : parement en petits moellons de granit et rangs de briques rouges.

Il faudra attendre le XIIIème siècle pour voir la reprise des travaux. Vannes est en effet devenue ville ducale provoquant une croissance démographique et économique.

Le duc Jean IV, entre 1370 et 1380 fait agrandir l'enceinte urbaine, ce qui double la surface déjà à l'abri des murs. De même, il fait construire le château de l'Hermine.

 

Le système défensif :

 

Les tours.


Elles sont érigées en des points stratégiques pour la défense du site protégeant les portes ou entre deux sections de courtine. Elles ont souvent trois niveaux: en bas les casemetes, au milieu la salle de garde avec une cheminée, en haut la surveillance et la défense.

Les mâchicoulis.

Ils sont destinés à laisse tomber des projectiles sur les assaillants.

Les meurtrières.

Ce sont des ouvertures destinées au tir à l'arc ou à l'arbalète.

Les canonnières.

Sont employées pour tirer avec des armes à feu. Il existe parfois une ligne de visée.

Les portes.

Les principales sont la porte St Patern (ou porte prison), la porte St Salomon et Gréguennic au sud. Ce sont évidemment des points faibles où il faut renforcer les défenses (tours...) et douves, ce qui permet l'utilisation d'un pont-levis. A partir du XVème siècle les ponts levis à treuil et chaînes seront remplacés par des systèmes à flèche qui s'encastrent dans des rainures aménagées dans le mur au-dessus de l'entrée.

Les bastions.

Réalisés à la fin du XVIème siècle (guerres de la Ligue), ce sont des ouvrages pentagonaux en saillie du mur d'enceinte. Ils peuvent être creux comme des casemates ou pleins pour recevoir une batterie haute.

Les échauguettes.

Elles sont construites en encorbellement aux angles des bastions.

 

La fin des fortifications.

 

Au XVIIème le château de l'Hermine est en ruines. Les douves sont comblées et les fortifications morcelées et vendues à des particuliers.

La porte prison est partiellement détruite en 1886 mais sera classée Monument Historique en 1912.

En 1982 un plan de sauvegarde et de mise en valeur des remparts et du coeur historique est adopté. Ce qui restait des remparts peut ainsi être sauvé.