Le sabotier. Ar Botaouer. Le Sabotier.
Autrefois, le sabot était la chaussure d'usage courant, aussi bien à la campagne que dans les bourgs. On ne chaussait guère ses souliers que pour les grandes occasions, et encore, quand on avait les moyens d'en posséder.
Le sabot est en bois. Donc, pour être plus près de la matière première, les sabotiers vivaient souvent dans la forêt où ils construisaient leurs loges., sortes de cabanes en bois et branchages qu'ils abandonnaient lorsqu'ils changeaient de secteur.
C'est le seul métier où l'on utilise du bois vert (sous sève). En Bretagne, on utilise le hêtre et beaucoup plus rarement le noyer.
Le bois est débité en blocs pesant environ 4,7 kg. Le sabotier dégrossit la forme à l'aide d'une hache à manche très court, terminé par une boule pour contrebalancer le poids du tranchant. Le talon est dégagé à l'herminette et la forme extérieure est obtenue à l'aide du paroir, longue lame tranchante de 80 cm, fixée à l'établi.
Le creusage se commençait à la tarière puis se terminait avec des cuillères de différentes tailles. La finition, la pare, est souvent l'oeuvre des femmes qui, à l'aide d'un grattoir, lissent le bois. Pour terminer, le sabotier décore les sabots à la rainette, (sauf ceux destinés au "tous les jours"). Il creuse parfois aussi une rainure où se logera un fil de fer destiné à protéger le sabot de la fente.
Les sabots sont ensuite mis à sécher, ce qui fera passer leur poids de 800 grammes à 480 environ.
Les femmes portaient aussi des "claques", sabots légers et découverts, utilisés le dimanche , voire même tous les jours pour les commerçantes de bourgs. On disait parfois que c'étaient des sabots "habillés"!
C'était un métier difficile:
Il faut bûcher
Il faut creuser
Tailler vite et parer fin,
se coucher tard,
se lever matin...
Actuellement, les sabotiers, (il en reste 3 en Bretagne) ont des machines qui font l'essentiel du travail. Il leur reste surtout la finition, la décoration et la pose de la bride en cuir qui protège le cou de pied.
Le sabot s'use relativement vite. Aussi, au XIXème le protégeait-on avec de petits clous (la maillette) et, au XXème avec des bandes de caoutchouc.
Il était tentant de shooter les cailloux avec ses sabots. Malheureusement, ça peut se fendre. Alors, en plus de la taloche paternelle, on se retrouvait avec des sabots rafistolés avec du fil de fer ou des languettes coupées dans des boîtes de sardines... Trop la honte!
Le saviez-vous?
*A Camors, en 1936, il y avait 77 sabotiers!
Il y avait de nombreux dictons autrefois qui faisaient référence aux sabots:
Avoir du foin dans ses sabots : avoir tout ce qu'il faut.
Il n'y a pas de mauvais sabot qui ne trouve son pareil.
Quand le cuir est cher, le sabotier rit!