Les cloches

Ar c'hleier - les clloches


Autrefois, en Bretagne comme partout, les cloches rythmaient la vie quotidienne. C'est beaucoup moins vrai aujourd'hui. Néanmoins elles sont toujours présentes pour les grands évènements.

Les différentes cloches

1 - Les cloches d'église

Elles sont accrochées en hauteur, dans une tour (le clocher) et servent à annoncer les offices et les cérémonies aux fidèles.

2 - Les cloches de beffroi

Le beffroi est une tour élevée par les bourgeois d'une commune. Ils y installent les cloches et souvent une horloge qui organisent la vie de la cité.
On trouvait un beffroi à Fougères, Nantes, Rennes, Dinan, Guingamp…
Ceux de Dinan et Fougères existent toujours.

3 - Les cloches à main

Elles sont utilisées depuis les débuts du christianisme en Bretagne, mais aussi en Irlande, Pays de Galles, Ecosse…
Cinq sont conservées dans des églises :
  • Saint-Pol de Léon, Locronan, Goulien (29)
  • Paule (22)
  • Stival en Pontivy (56)

Une sixième fait partie de la collection de la Société d'Emulation des Côtes d'Armor.
Elles datent des 9ème ou 10ème siècles.
D'autres cloches à main, plus récentes, étaient utilisées lors des processions au cours des pardons.

4 - Les cloches des bateaux

En principe, tout bateau de plus de 20 mètres de long doit posséder une cloche.
Autrefois, il y en avait deux. La plus grosse, à la proue, appelait aux repas et signalait le bateau dans le brouillard. La plus petite sonnait les quarts (les périodes de service des marins).
On en trouvait aussi sur les péniches pour annoncer leur arrivée aux écluses et même sur les trains et les tramways…

5 - Les carillons

Dans certains clochers se trouvent parfois plusieurs cloches, permettant ainsi d'interpréter des airs musicaux. Ils sont peu nombreux en Bretagne. Le seul, en réalité capable de jouer une grande variété d'airs (dont des cantiques) est celui du Guiaudet en Lanrivain qui compte 18 cloches. Celui de Rostrenen en a 10.

6 - Les roues à carillon

Ce sont des cercles de bois, fer, bronze, munis de rayons et qui tournent autour d'un moyeu central.
Ces roues sont garnies de clochettes que l'on fait tinter en tirant sur une corde qui met le cercle en mouvement. On les appelait "roues de la fortune" ou "santig ar rod".
Il en reste 8 en Bretagne (voir fiche Pikett) alors qu'au 17ème siècle on en comptait encore 21.
Il en existe aussi en France (une cinquantaine) et dans toute l'Europe.
Elles servaient le jour du pardon, lors des fêtes, mais on leur attribuait aussi des pouvoirs de guérison.
Celle de Confort-Meilars permettait aux enfants qui tardaient à parler de trouver l'usage de la parole. (Par contre, il n'y a pas de roue pour les enfants trop bavards).
A Priziac elle donnait de la force aux petits qui ne marchaient pas encore.

7 - Les sonnailles ou campanes

Ce sont des clochettes que l'on attachait au cou des animaux. Les sauniers de Batz en accrochaient au cou de leurs mules quand ils partaient vendre le sel (la troque. Voir fiche Pikett sur les marais salants).
On en attachait aussi au cou des chevaux pour effrayer les loups qui les attaquaient ou aux pattes des oiseaux de chasse pour les localiser.

 

Sonnent les cloches…

Les cloches d'église annonçaient les cérémonies religieuses :
  • Messe, vêpres.
  • Baptèmes
  • Mariages
  • Enterrements…
  • Mais aussi pour l'Angélus.

Quand une personne mourait, on sonnait le glas et lors d'une naissance, le nombre de coups indiquait si le nouveau né était un garçon ou une fille.
En cas d'évènements graves on sonnait le tocsin et les cloches sonnant à toute volée annonçaient une heureuse nouvelle (ainsi la victoire de 1918).

Les cloches de beffroi convoquaient les bourgeois aux assemblées , annonçaient le couvre-feu ou signalaient les incendies.
A St Malo lorsque la cloche avait sonné le soir, les dogues étaient lâchés pour protéger les navires des rôdeurs.
A Lorient, elle annonçait aux ouvriers du port le début et la fin de leur journée (de 5 heures le matin à 7 heures le soir en été !).
Enfin à Brest, Guéméné sur Scorff, Baud… une cloche annonçait l'heure de fermeture des cafés. On la surnommait kloc'h ar morc'h, la cloche des cochons, car elle ramenait les ivrognes à la maison.

 

Comment fabrique-t-on une cloche ?

Aujourd'hui, une cloche est achetée à une entreprise spécialisée. Autrefois, le plus souvent, c'étaient les fondeurs qui se déplaçaient et effectuaient leur travail sur place (près de l'église le plus souvent).
A chaque cloche correspond une note précise qui dépend de son diamètre et de son épaisseur.

Le noyau

On construit une maçonnerie de briques réfractaires qui va soutenir le moule.
Elle est recouverte d'un mélange d'argile, de poils de chèvre et de crottin de cheval, ce qui va donner la forme intérieure de la cloche. C'est le noyau, qui sera recouvert d'une couche isolante pour le séparer de la fausse cloche.

La fausse cloche

Elle a la même forme que la future cloche en bronze. Elles est faite en argile et est recouverte de cire. On y pose les décors (lettres, sculptures…)

La chape

A l'aide de pinceaux, la fausse cloche est enduite de mélange argile-poils de chèvre-crottin sur plusieurs couches de plus en plus épaisses.
Pendant toute la fabrication on entretient un feu de charbon de bois à l'intérieur du moule pour sécher l'argile.
Quand la chape est assez épaisse, on active le feu. Les lettres et les décors fondent et laissent leur empreinte en creux dans la chape.
La couche de cire entre la chape et la fausse cloche a fondu.
On peut donc soulever la chape, casser la fausse cloche et reposer la chape sur le noyau. On obtient un vide entre les deux où sera versé le métal en fusion.
Les décors en creux de la chape se retrouvent en relief sur la cloche.

La coulée

Le bronze est un mélange d'étain (22%) et de cuivre (78%) fondu à 1200°.
On enterre les plus grosses cloches (plus de 500 kg) et le métal est amené par un canal en briques réfractaires. Pour les plus petites, le bronze en fusion est apporté à l'aide d'une poche de coulée et on déverse le contenu dans le moule.

Le décochage

Le moule refroidit une semaine ou plus, selon la taille, puis il est cassé pour obtenir la cloche qui sera sablée, polie et accordée.

 

Le savais-tu ?

1 - Les clochers décapités

En 1675, dans de nombreuses paroisses de Cornouaille, du Poher, on sonna le tocsin. C'était la révolte des Bonnets Rouges. Les paysans protestaient contre l'augmentation des impôts et les droits des seigneurs.
Des châteaux sont pillés, brûlés… et la répression sera très dure.
Le gouverneur de la Bretagne, le duc de Chaulnes fera même décapiter 6 clochers de pays bigouden : Tréguennec, St Honoré, Lanvern, Languivoa, Combrit et Lambour, les 6 paroisses étant considérées comme les plus rebelles.
Seule, la paroisse de Combrit retrouvera son clocher vers 1770.

2 - Les cloches fondues de la Révolution

Pour fournir des canons à l'armée et fabriquer de la monnaie, le gouvernement révolutionnaire décida de fondre les cloches.
Encore fallait-il le pouvoir ! les paroissiens n'étaient pas d'accord et réussirent souvent à les décrocher et à les cacher. Malgré cela, des milliers de cloches de toute taille furent utilisées pour l'armée.

3 - Le "tour" de l'hospice de Brest

C'était une ouverture dans un mur garnie de deux portes : une à l'extérieur et l'autre à l'intérieur. Entre les deux se trouvait un berceau.
Quand une femme venait y déposer le bébé qu'elle voulait abandonner, l'ouverture de la porte extérieure actionnait une clochette qui avertissait les religieuses.

4 - Sainte Barbe et la foudre

Sainte Barbe est invoquée contre la foudre et les incendies. (C'est la patronne des pompiers !). Une chapelle lui est consacrée au Faouët et possède une cloche pour faire fuir l'orage.
Mais, dans d'autres occasions, on sonnait les cloches pour faire venir la pluie…

5 - La cloche de Saint-Mériadec à Stival

Cette cloche à main est réputée pour guérir les maux de tête et d'oreilles et même la surdité.
On la fait sonner puis on la pose tout de suite sur la tête du malade.