Les forêts de Bretagne
La Bretagne est une région peu boisée, les forêts ne représentent que 12% de sa superficie contre 29% pour le territoire français.
L'une des raisons de cette faible importance est certainement la surexploitation qu'on en a faite aux 16,17 et 18èmes siècles pour le chauffage, la marine, le charbon de bois pour les forges et les afféagements (défrichement et mise en culture de pans entiers de forêts).
Le tableau ci-dessous montre l'importance de cette couverture pour les départements bretons.
Département |
Pourcentage de la superficie couvert par la forêt |
Superficie |
Côtes d'Armor |
13% |
92 000 hectares |
Finistère |
12% |
82 000 hectares |
Ille et Vilaine |
10% |
68 hectares |
Loire Atlantique |
8% |
53 000 hectares |
Morbihan |
19% |
130 000 hectares. |
La forêt bretonne est constituée de structures très morcelées (comprenant beaucoup de petits massifs forestiers). Elle est privée à 93%.
On y trouve une très grande variété d'essences (de sortes d'arbres) comprenant une majorité de feuillus : plus des 2/3 du total. Les espèces les plus fréquentes:
Feuillus.
Chêne
Châtaignier
Hêtre
Bouleau
Saule
Résineux.
Pin maritime
Pin sylvestre
Epicéa.
Il faut bien sûr noter qu'une partie de ces arbres (les épicéas notamment), ne sont pas des espèces propres à la région, mais qu'elles ont été introduites par l'homme.
Certaines espèces ont aussi une importance relative à leur bois: l'if ou le merisier par exemple.
La forêt autrefois.
Sous l'Ancien Régime, toutes les forêts appartenaient au royaume ou à un seigneur. Certaines seront achetées par des riches négociants, hommes de loi... mais il n'en existait pas de privée.
Les habitants des alentours profitaient des forêts (contre redevances bien sûr...).
Quelques exemples:
Droit de pasnage ou de glandée: possibilité d'amener les porcs pour y manger les glands et les faînes en automne.
Droit de cueillette: miel, fougères, fruits sauvages
Droit de bois mort: possibilité de ramasser les branches au sol.
Droit d'écorçage: possibilité d'enlever la partie superficielle de l'écorce de certains arbres.
Droit de pacage: amener le gros bétail pâturer en forêt. C'était assez fréquent pour les bovins mais plus rare pour les chèvres et les moutons.
Droit d'affouage: prendre du bois pour le chauffage.
De nombreuses personnes travaillaient dans les forêts, et parfois même, comme les sabotiers, y vivaient.
Les bûcherons.
Les charbonniers qui, à partir du bois de taillis, fabriquaient le charbon qui était utilisé dans les forges. Cette production était très importante. Ainsi, en 1856, 40 000 stères de bois sont transformés en charbon dans la forêt de Paimpont! Et il en était de même dans celles de Lanouée, de Quénécan... (voir l'article sur les métiers)
Les scieurs de long débitaient les grumes en planches ou en poutres.
Les cercliers fabriquaient des cercles pour les tonneaux et les barriques à l'aide de latte en châtaignier.
Les sabotiers qui vivaient pour la plupart dans des loges faites de bois et de genêt. (voir l'article sur les métiers).
Les ramasseurs d'écorce (appelés parfois les peleurs) qui détachaient l'écorce pour fabriquer le tan, poudre utilisée dans le tannage des peaux.
Les gardes forestiers.
On peut encore signaler que des personnes plus ou moins recommandables y vivaient aussi à certaines époques troublées: voleurs, proscrits, Chouans... et, plus récemment, pendant la seconde guerre mondiale, des résistants s'y sont également abrités.
La forêt de nos jours.
Le premier rôle de la forêt est bien sûr de fournir du bois.
Celui-ci sera utilisé pour
*la construction (bois de scierie pour les poutres, parquets, bardage...)
*la fabrication d'objet en bois
*la fabrication de panneaux d'aggloméré (essentiellement du bois de résineux)
*l'énergie (bois de chauffage, granulés...)
La forêt a aussi, de nos jours, un rôle social, permettant aux personnes de randonner, d'emprunter des parcours sportifs, de suivre des sentiers botaniques...
La cueillette n'existe plus guère que sous la forme de ramassage de champignons, (attention! dans certaines forêts c'est interdit ou accepté seulement si vous possédez un permis...)
Enfin, certains propriétaires louent leurs bois pour l'organisation de chasses.
Les principales forêts bretonnes.
La forêt du Gâvre. (44)
Son nom viendrait du celtique "gaor" qui signifie chèvre ou chevreuil et qui, par mutation, aurait donné "gavr". Ce massif forestier était propriété des comtes de Nantes. Il devient propriété ducale au XIème, forêt royale lors de la réunion de la Bretagne à la France et enfin forêt domaniale après la Révolution.
C'était une réserve de chasse pour les ducs de Bretagne.
Actuellement, elle répond à 3 objectifs:
* fournir du bois destiné à la tonnellerie, l'ébénisterie, la construction, le chauffage et la construction navale. On y a tiré des pièces destinées à la construction de l'Hermione.
*accueillir le public. On y trouve un arborétum de 7 hectares, des sentiers de randonnée, des parcours sportifs et pédagogiques.
*protéger les espèces et les écosystèmes. La forêt abrite cerfs, chevreuils, 8 espèces de chauves-souris, 70 espèces d'oiseaux... De même, il reste aussi quelques landes avec une gestion de type conservatoire.
La forêt du Pertre. (35)
Sous l'Ancien Régime, c'était un territoire de marche commune possédé par les seigneurs de Laval et de Vitré.
Les espèces dominantes sont le chêne et le hêtre.
Pendant la Révolution, elle fut le théâtre de combats entre les Chouans et les Républicains.
C'est un domaine privé.
Il existe une motte féodale entourée de douves: la Motte des Châtelliers.
La forêt de Fougères. (35)
C'est une forêt domaniale, située sur les communes de Laignelet et Landéan, peuplée surtout de hêtres et de chênes.
On y trouve quelques monuments intéressants:
*le cordon des druides, alignement de menhirs.
*la pierre courcoulée, dolmen à galerie.
*Les celliers de Landéan, construction souterraine qui daterait du XIIème siècle. Ils sont attribués à Raoul II, baron de Fougères, qui voulait mettre ses richesses à l'abri des troupes d'Henri II d'Angleterre.
C'est une salle voûtée de 15 mètres de long sur 6 mètres de large.
Une légende locale dit qu'un tunnel de 10 kilomètres de long reliait les celliers au château de Fougères... Pour preuve, on raconte qu'un canard enfermé dans les celliers fut retrouvé, nageant sur l'étang du château!
La forêt de Quénécan. (56)
Elle se trouve dans sa majeure partie sur le département du Morbihan.
Elle appartenait aux Rohan qui y élevaient des chevaux de manière semi-sauvage. En 1213, ils obtinrent 9 étalons égyptiens qu'ils lâchèrent dans les forêts de Quénécan et de Poulancre.
En 1225, Alain III donna aux moines de Bon Repos la moitié des chevaux de Quénécan.
Près du massif forestier, on trouve les Forges des Salles, où l'on produisait de la fonte et du fer, les ruines du château des Rohan et l'abbaye de Bon Repos fondée par Alain III de Rohan.
Actuellement cette forêt privée appartient à la famille Du Pontavice et est partiellement ouverte au public.
Forêt de Lorge. (22)
Elle est parfois aussi nommée forêt de l'Hermitage, voire de Quintin et se situe à 25 kilomètres au sud de St Brieuc.
Dans un ouvrage de 1429, elle est identifiée à Brocéliande. Ce n'est qu'au 19ème que l'Association Bretonne, lors de son congrès à Quintin, décidera que la forêt de Brocéliande est bien celle de Paimpont.
On y trouve le château de Lorge construit entre 1721 et 1730. Dans les environs on dit que ce château a autant de fenêtres qu'il y a de jours dans l'année!
Cette forêt fut le théâtre de plusieurs exécutions pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands y fusillèrent en effet plus de 50 résistants ou otages. Un monument a été érigé afin de témoigner de ces assassinats.
Forêt de Lanouée. (22.56)
Elle se trouve en majorité sur la commune des Forges et marginalement sur celles de Lanouée et de Plumieux. Aux 18 et 19èmes siècles, on y exploitait du bois de taillis pour y produire du charbon destiné à alimenter les forges de Lanouée.
Actuellement c'est une forêt privée.
Forêt de La Guerche. (35)
Elle se trouve à l'est de la Bretagne, en Ille et Vilaine, sur les communes de Rannée, Chelun et St Aignan sur Roë.
C'est une forêt privée, de haute fûtaie (chênes et hêtres).
Elle appartenait au Moyen Age aux seigneurs de La Guerche.
En 1792, des soldats républicains (les Bleus) recherchaient un prêtre réfractaire. Ils rencontrèrent une jeune fille qui refusa de leur dire où était sa cachette. Ils la fusillèrent au pied d'un chêne qui abritait une statue de la Vierge. Depuis, cet arbre est devenu un lieu important de dévotion.
Forêt de Rennes. (35)
Elle est située pour la plus grande part sur le territoire de la commune de Liffré à 15 kilomètres au nord-est de Rennes.
Elle était forêt ducale au XIIème siècle et deviendra royale à la suite du mariage d'Anne de Bretagne.
En 1726, on y effectua des coupes importantes pour la reconstruction de Rennes après son incendie.
Forêt de Liffré. (35)
C'est la seconde forêt se trouvant sur le territoire de la commune de Liffré. C'est une forêt domaniale gérée par l'ONF (Office National des Forêts).
Forêt de Chevré. (35)
Elle se trouve sur les communes de La Bouexière, Acigné et Châteaubourg.
Forêt du Cranou (29).
Elle est située sur les communes de Hanvec, Le Faou et Lopérec. Les essences dominantes sont le chêne et le hêtre avec des sous-bois où l'on retrouve le houx et l'if.
C'est un lieu privilégié pour le tourisme traversé par le GR 27 (sentier de grande randonnée).
Elle abrite un arboretum de 14 hectares, créé en 1970, d'accès libre pour les promeneurs. Il rassemble près de 200 essences différentes et un sentier de 2 kilomètres permet de visiter le site.
La forêt de Loudéac. (22)
Elle se situe sur 3 communes: La Motte, La Prenessaye et Loudéac. Au Moyen Age, comme dans beaucoup de forêts, on y trouvait de nombreuses activités liées au bois mais on y extrayait aussi du minerai de fer ce qui permettait la présence de bas-fourneaux.
Elle devient, en 1479, propriété des Rohan qui y élevaient 500 chevaux en liberté.
Les loups devaient être nombreux car plusieurs toponymes rappellent leur présence: Gratteloup, le loup pendu, le bout-es loups, la motte aux loups...
Dans cette forêt on trouvait autrefois les Margots les fées. Un certain Jean Rénier qui allait chercher du bois les vit un jour qui étendaient de l'argent sur de beaux linceux (draps) blancs. Il s'approcha et elles lui demandèrent alors s'il en voulait. Il répondit oui, bien sûr! Plein ton chapeau ou plein ta demée?
Ma demée, répondit-il.
Alors, cours chez toi la chercher ...
Il y alla, mais bien évidemment, quand il revint il n'y avait plus personne...
Aujourd'hui on ne voit plus les Margot les fées. Ont-elles quitté le secteur de Loudéac ou se cachent-elles mieux? Personne ne peut le dire.
Une demée est un récipient qui servait à mesurer le blé.
La forêt de Paimpont. (35-56)
C'est un massif forestier de 8000 hectares situé en Ille et Vilaine sur les communes de Paimpont, Guer, Concoret, Tréhorenteuc...
Les essences dominantes sont le chêne, le hêtre, mais on y trouve aussi des plantations de résineux.
Les 9/10 de la forêt appartiennent à des particuliers, le 1/10 restant est domanial et géré par l'ONF (office national des forêts).
Sous l'Ancien Régime, la forêt est surexploitée pour produire le charbon nécessaire aux forges.
On y exploitait aussi le minerai de fer pour la production de la fonte et du fer.
Cette forêt serait la mythique Brocéliande et abrite bon nombre de sites mondialement connus par les amateurs de l'épopée arthurienne.
Le tombeau de Merlin. Ce serait l'endroit où Viviane aurait enfermé l'enchanteur dans une prison d'air pour qu'il reste toujours avec elle. Comme il vient parfois s'y reposer, vous pouvez faire un voeu, parfois celui-ci est exaucé. Selon son humeur, sans doute, ou selon la formulation...
La fontaine de Barenton. Si l'on verse un peu de son eau sur la margelle, un violent orage se déclare. Là aussi tu peux faire un voeu. Et en plus, tu sais s'il sera exaucé! Si la fontaine fait des bulles, c'est gagné !
Le val sans retour. C'est le lieu dans lequel Morgane la fée, demi-soeur du roi Arthur, retenait prisonniers tous les chevaliers infidèles. Seul Lancelot, fidèle à Guenièvre, put briser le sort et libérer tous les prisonniers. A l'entrée du val sans retour on peut voir l'arbre d'or, érigé par le sculpteur François Davin pour se souvenir des terribles incendies de 1990. Ce châtaignier, recouvert de feuilles d'or et entouré de5 chênes calcinés symbolise la renaissance de la forêt. De plus, le sculpteur lui a donné la forme de bois de cerf.
Le jardin aux moines. Les moines et les chevaliers de la région passaient leur temps à ripailler dans ce lieu. St Méen, passant par là, leur demanda de cesser leurs agissements. Ce qu'ils refusèrent. Mal leur en prit: ils furent changés en pierres.