Les phares
La Bretagne représente à elle seule plus de 40% du littoral français avec ses quelques 2700 km de côte (Pour te donner une idée, c’est à peu près la distance entre Brest et la Russie…).
Pas étonnant, de fait, que l’on y compte un nombre impressionnant de phares ! (Plus de 60 !)
Comme tu le sais, le phare est une balise maritime. C’est-à-dire qu’il permet aux bateaux de se guider par rapport aux côtes, et ce, particulièrement de nuit. Bien entendu, vu la dangerosité des côtes bretonnes (petits ilots nombreux aux abords des côtes et des îles bretonnes en particulier), il sert aussi aux bateaux à éviter des zones de navigation délicates.
Pour la petite histoire…
Le mot « phare » vient de « Pharos », petite ile située au large d’Alexandrie en Egypte… C’est sur cette île qu’a été bâti au 3ème siècle avant JC un phare monumental. Ce phare a tenu jusqu’au 14ème siècle et n’est donc plus visible aujourd’hui. Cependant, si l’on en croit de nombreux écrits historiques, ce phare, de stature exceptionnelle (100m de haut pour une portée de plus de 50km), était considéré comme la septième merveille du monde. Le phare est d’ailleurs toujours l’emblème aujourd’hui de la ville d’Alexandrie…
D’accord, mais qu’est-ce qu’un phare ?
Un phare est avant tout un signal lumineux destiné à la navigation maritime.
En France, un établissement (bâtiment) de signalisation maritime doit répondre à au moins 3 des 4 critères suivants pour être considéré comme un phare (selon les règles du Ministère de la Culture et de l’Equipement en 2000) :
- Une fonction de grand atterrissage ou de jalonnement (guidage pour les bateaux)
- Une hauteur au-dessus du sol de plus de 20 mètres
- Une portée supérieure à 20 milles nautiques (environ 37km)
- Une infrastructure regroupant plusieurs bâtiments ou la présence d'un gardien dans l'historique de l'établissement
Attention toutefois, quelques entorses ont été faites à ce règlement pour certains bâtiments et en particulier les maisons phares… (qui ont donc été reconnues comme phare malgré qu’elles ne répondaient pas à 3 critères)
Parmi les particularités que l’on peut citer sur les phares bretons, on peut trouver des phares classés « monuments historiques », des phares « en pleine mer » etc.
En Bretagne…
En Bretagne, le premier phare a été construit sur l’île d’Ouessant par Vauban. Il s’agit du phare du Stiff. Celui-ci était alors allumé avec du charbon à bois seulement durant les 6 mois hivernaux.
A la même époque a été construit le phare du Cap Fréhel, puis quelques années plus tard, celui de St Mathieu (1740)… Au cours du 19ème siècle et au début du 20ème, des constructions beaucoup plus compliquées ont été menées avec les phares de pleine mer, parmi lesquels le célébrissime Ar Men, à proximité de l’île de Sein, qui date de 1881.
Après la seconde guerre mondiale, quelques phares ont dû être reconstruits. Celui du Cap Fréhel entre autres…
Aujourd’hui, nous avons en Bretagne
- un des phares reconnus comme étant le plus dangereux (du temps des gardiens de phare) : Ar Men,
- un des phares les plus visités d’Europe avec le phare d’Eckmühl (Penmarc’h),
- le phare le plus puissant d’Europe (Phare du Créac’h à Ouessant)
- le plus haut phare en pierres du monde (Phare de l’Ile Vierge) !! Rien que ça…
L’histoire des phares
Depuis l’antiquité, l’utilisation de la lumière et en particulier du feu comme outil de balisage des côtes existe. Des feux de broussaille étaient en effet allumés à l’époque sur les rivages les plus élevés afin de guider les navires amis…
Cependant, la portée de ces feux n’excédait pas les 5 ou 6 km.
Au phare du Stiff, à Ouessant, 45 barriques de charbons étaient consumées chaque mois ainsi que 300 fagots et 1 corde de bois ! (Cela représente environ 4m cube de bois)
Mais si le feu a l’avantage d’être facilement allumé et d’émettre une lumière vive et forte, il présente aussi l’inconvénient d’être difficilement maitrisable et pouvait facilement s’éteindre par mauvais temps. Ainsi, au fil du temps, les feux sont allumés sous des coupoles en maçonnerie soutenue par des piliers de fer. Puis, mieux encore, les foyers sont fermés par des vitres et des systèmes de ventilation sont élaborés afin que la fumée s’évacue et que le feu puisse s’attiser.
Ainsi, en 1689, l’abbaye de St Mathieu s’équipe d’une lanterne close ou 3 rangées de lampions brûlent à l’huile. Puis suivent les phares de Fréhel, en 1744 et du Stiff, en 1784.
Les progrès scientifiques et industriels réalisés autour de l’exploitation des métaux permettront aussi, à la fin du 18ème siècle, d’améliorer la portée de ces flammes.
Aujourd’hui, le phare du Créac’h, sur l’île d’Ouessant, est le phare le plus puissant d’Europe. On peut le voir à plus de 55km !